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 Vue du bâtiment du Trésor des États-Unis, alors que le plafond de la dette nationale fait débat.

Devrais-je m'inquiéter de la crise du plafond de la dette américaine?

Rédigé par Danny Noonan, Morningstar | Publié le 29 mai 2023

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Ce rapport Morningstar‡ a été publié pour la première fois le 15 mai 2023, puis revu et republié le 23 mai 2023.

Le plafond de la dette américaine est de retour dans l'actualité, et à mesure que les échéances se rapprochent, le cirque politique va probablement s'intensifier.

Pour les investisseurs, la situation précaire à Washington ajoute aux incertitudes et aux questions entourant les perspectives de l'économie. Quelle est l'importance du plafond de la dette pour les marchés? Que se passe-t-il si les États-Unis voient leur note de crédit dégradée? Que se passerait-il en cas de défaut? En général, que doivent faire les investisseurs (si c'est possible) face à ce conflit?

Bien que les marchés détestent l'incertitude, il nous semble important de rappeler aux investisseurs que des crises similaires se sont produites à maintes reprises par le passé. Nous pouvons observer cette situation avec un certain recul.

Qu'est-ce que le plafond de la dette?

Le plafond de la dette est le plafond législatif appliqué au montant de la dette des États-Unis, c'est-à-dire le maximum que le Trésor américain peut emprunter, afin de limiter le risque d'une crise de la dette publique.

Pour s'acquitter de ses obligations (qui comprennent le paiement des salaires militaires, des prestations de retraite et des intérêts sur la dette nationale), le Trésor vend des obligations à des investisseurs du monde entier – c'est-à-dire qu'il émet une nouvelle dette.

Étant donné que le gouvernement américain se trouve généralement en déficit budgétaire (il dépense plus qu'il ne perçoit en recettes fiscales), le plafond de la dette doit être relevé périodiquement pour lui permettre de souscrire des emprunts supplémentaires. Par conséquent, la dette nationale augmente.

Le défi est que le plafond de la dette est exprimé dans un montant nominal – actuellement, 31,4 billions de dollars – qui doit être constamment révisé à mesure que l'économie se développe.

Que se passe-t-il une fois le plafond atteint?

Lorsque l'encours de la dette atteint sa limite, il serait logique de penser que cela constitue une sonnette d'alarme qui oblige à agir en urgence. Or, si un plafond de caractère exécutoire était appliqué à la dette, le Trésor ne disposerait pas d'assez de fonds pour honorer toutes ses obligations à temps.

C'est là que les « mesures extraordinaires » entrent en jeu. Si le Congrès ne relève pas le plafond de la dette, le Trésor peut avoir recours à ces mesures pour maintenir le gouvernement au-dessous de la limite d'emprunt pendant un certain temps, principalement en arrêtant d'investir dans certains fonds publics. Ce dispositif crée un solde disponible au-dessous du plafond de la dette, et permet au Trésor d'emprunter davantage auprès du public.

Le risque est qu'il n'y ait pas de consensus au sujet d'une nouvelle limite, ce qui pourrait conduire à un défaut technique du gouvernement américain. La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a récemment déclaré qu'un échec des négociations entraînerait un « fort ralentissement économique », et elle a réitéré un précédent avertissement selon lequel le Trésor pourrait se trouver à court de mesures pour payer ses dettes en juin.

Avant d'en arriver là, nous allons assister à un grand cirque politique. Il reste beaucoup à parier sur les microdétails du plafond de la dette, les tactiques de négociation, les coupables qui seront montrés du doigt, et la résolution finale.

Mais notre réflexion peut aussi se baser sur des faits, à la lumière des précédents historiques. Cela ne nous donnera pas une certitude absolue, mais au moins plus de clarté.

Avons-nous déjà atteint le plafond précédemment?

Ce que l'on appelle un plafond est en réalité une limite qui est révisée en permanence.

Les deux partis politiques ont déjà relevé cette limite par le passé. Depuis 1959, tous les présidents l'ont fait. Le plafond de la dette a été augmenté 89 fois depuis le mandat du président Eisenhower.

Au cours des 60 dernières années, le plafond de la dette a été relevé 53 fois pendant les mandats des présidents républicains et 36 fois pendant les mandats des présidents démocrates. Cette procédure est si courante que nous pouvons nous attendre à une 90e hausse pour bientôt.

Que se passe-t-il si la note de crédit des États-Unis est dégradée?

Standard & Poor's a abaissé la note de crédit des États-Unis en 2011. Cette décision a eu un grand retentissement.

L'extrait ci-dessous provient d'un article de Reuters publié peu après :

« Les États-Unis ont perdu leur note de crédit AAA de Standard & Poor's – c'est-à-dire la note la plus élevée – dans un coup sans précédent porté à la plus grande économie du monde, à la suite d'une bataille politique qui a conduit le pays au bord du défaut.

S&P a abaissé d'un cran la note de crédit à long terme des États-Unis pour la porter à AA-plus, en raison des inquiétudes concernant le déficit budgétaire du gouvernement et l'augmentation du fardeau de la dette. Cette action fera probablement grimper les coûts d'emprunt pour le gouvernement, les entreprises et les consommateurs américains.

La décision reflète la détérioration de la position des États-Unis dans l'économie mondiale, alors que le pays bénéficiait d'une note de crédit AAA de S&P depuis 1941, et elle pourrait avoir des implications sur le statut de monnaie de réserve du dollar américain. »

Mais les choses ne se sont pas déroulées comme l'avait prédit l'auteur de l'article. L'effet s'est fait sentir dans les rendements de divers indices obligataires, un an après la dégradation de la note.

Malgré la décision, les prix des obligations se sont redressés alors que les taux d'intérêt baissaient.

Pour les actions, les choses sont devenues beaucoup plus chaotiques. La dégradation de la note a été rendue publique le vendredi 5 août 2011 après la fermeture du marché. Le marché s'est lancé dans une course folle dès la semaine suivante.

Les envolées et les dégringolades se sont succédé à mesure que le marché absorbait les nouvelles. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la période a été volatile.

En octobre 2011 – seulement trois mois après la dégradation de la note américaine – le S&P 500 avait perdu 8 %, mais un brusque rebond s'est ensuivi. Un an plus tard, le S&P était en hausse de près de 20 %.

Que se passe-t-il si le gouvernement fait défaut?

Si le Congrès ne suspend pas ou n'augmente pas le plafond de la dette, le Trésor donnera probablement la priorité au paiement de ses obligations tout en limitant les dépenses discrétionnaires.

Le résultat ne peut pas être prédit avec certitude, mais l'environnement économique deviendrait sans doute difficile, avec plus de volatilité sur les marchés financiers. Si cette perspective est alarmante, elle semble peu probable, étant donné que cette même situation a donné lieu à un compromis à 89 reprises depuis 1959.

31 billions de dollars sont en jeu

Une grande partie de la bataille politique au sujet du plafond de la dette porte sur l'encours de la dette aux États-Unis.

Il y a eu une explosion de la dette fédérale : estimée à 15 billions de dollars en 2011, elle atteint aujourd'hui près de 31 billions de dollars. Le montant a doublé en un peu plus de 10 ans. Si nous prenions ce chiffre comme une donnée isolée, nous pourrions en déduire que les États-Unis se sont enlisés dans une spirale de l'endettement.

Mais les chiffres – surtout quand ils sont si importants – doivent parfois être nuancés. Une façon d'analyser le niveau global de la dette consiste à évaluer les intérêts versés par le gouvernement américain sur sa dette en pourcentage du produit intérieur brut.

Les paiements d'intérêts liés à la dette sont beaucoup plus faibles aujourd'hui que dans les années 1980 ou 1990. Même si leur dette a considérablement augmenté, les États-Unis peuvent encore se permettre de la payer.

Le montant de la dette était plus modeste dans les années 1980 et 1990, mais les taux étaient alors plus élevés et l'économie était plus petite. En 2011, le PIB des États-Unis était de 15 billions de dollars. Aujourd'hui, il s'élève à plus de 26 billions de dollars.

Nous pourrions conclure de façon simpliste que la dette fédérale augmente à mesure que l'économie s'accroît, mais ces derniers temps, c'est la totalité qui prend de l'ampleur.

Les investisseurs doivent-ils s'inquiéter?

Le plafond de la dette a-t-il une incidence sur les décisions de gestion? La réponse dépend des horizons temporels.

Si un investisseur regarde les six prochains mois, ce tumulte pourrait provoquer un basculement dans la tendance du marché d'ici la fin de l'année.

Si l'horizon est plus long, les investisseurs peuvent trouver un réconfort dans le fait que lorsque les États-Unis s'approchent du plafond de leur dette, ce n'est qu'un épisode ponctuel dans l'histoire du pays. Ils devraient plutôt se concentrer sur les investissements à long terme et s'adapter aux chocs potentiels à court terme.

Souvenez-vous du concept de Warren Buffett sur la pile « trop difficile » : s'il ne comprend pas une entreprise ou une industrie, il la met de côté et passe à autre chose. Si les gens souhaitent suivre le processus politique qui entoure le plafond de la dette parce qu'ils trouvent le débat intéressant ou apprécient le spectacle, libre à eux. Cependant, du point de vue de l'investissement, ce sujet appartient à la pile « trop difficile ».

Les investisseurs doivent se concentrer sur ce qu'ils peuvent contrôler. Ils n'ont aucun contrôle sur la politique, la fiscalité publique, l'économie ou la séquence des rendements du marché. Ils peuvent cependant fixer des objectifs, maintenir leurs allocations d'actifs, contrôler leurs coûts et maîtriser leurs émotions.

Certes, il est plus intéressant de débattre de politique que de regarder ce que les investisseurs peuvent contrôler. Mais prendre les bonnes décisions, même si elles sont ennuyeuses, peut faire toute la différence.

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