L’effet des droits de douane est senti dans le marché du travail, mais peut-être pas pour longtemps
Rédigé par L’ÉQUIPE INVESTISSEUR INSPIRÉ | Publié le 16 mai 2025
Rédigé par L’ÉQUIPE INVESTISSEUR INSPIRÉ | Publié le 16 mai 2025
Jusqu’à présent, l’impact des nombreuses menaces tarifaires de l’administration américaine sur le marché du travail était avant tout d’ordre conceptuel. Malgré les nombreux propos des administrations publiques, des économistes et des consommateurs, personne ne savait exactement quand et comment la guerre commerciale pourrait commencer à nuire à l’économie canadienne. Après la publication du rapport sur l’emploi du mois d’avril, nous avons maintenant une meilleure idée de la situation.1
Le mois dernier, le chômage a atteint 6,9 %, contre 6,7 % en mars. Malgré la création d’environ 7 400 emplois en avril, le secteur manufacturier, l’industrie la plus touchée par les droits de douane jusqu’à présent, a enregistré une réduction d’emplois de 31 000 postes. Le commerce de gros et de détail a également enregistré des pertes de 27 000 emplois en avril, potentiellement à cause de l’humeur morose des consommateurs, explique Claire Fan, économiste principale à RBC Marchés des Capitaux. « Nous commençons à observer des répercussions directes avec des pertes assez importantes dans l’industrie manufacturière », déclare Mme Fan, qui a publié une note d’information2 sur le marché du travail au début du mois de mai.
Mme Fan souligne qu’en novembre, après le début du cycle de réduction des taux d’intérêt par la Banque du Canada, les entreprises ont accéléré leurs embauches. Beaucoup d’entre elles étaient optimistes quant à l’avenir dans un contexte d’inflation terminée, de taux d’intérêt plus bas et de croissance plus forte. Ces regains d’optimisme ont changé. « Ce phénomène a disparu en grande partie », note-t-elle, ajoutant que les offres d’emploi en général ont commencé à diminuer en janvier, lorsque les Canadiens ont commencé à avoir des craintes au sujet de l’économie. « Les entreprises se sont fait engluer dans une volatilité très élevée, et avaient donc une marge de manœuvre réduite sur le plan de la planification et de l’embauche. »
Le secteur automobile va mal
Sans surprise, le secteur automobile, qui reste soumis à des droits de douane de 25 % sur les véhicules finis et les pièces détachées en provenance du Canada, à l’exclusion de tout contenu américain conforme à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique, a été durement touché. En avril, de nombreux licenciements ont eu lieu. Bien que Statistique Canada ne précise pas quels sous-secteurs de l’industrie manufacturière ont été les plus touchés, il souligne que le chômage dans la région métropolitaine de recensement de Windsor, où l’industrie automobile représente 43,1 % de l’emploi manufacturier, a atteint 10,7 %, soit une hausse de 1,4 % par rapport au mois de mars.
Il existe une autre raison à la hausse du taux de chômage en avril : selon Mme Fan, il n’y a pas assez d’emplois pour les nouveaux arrivants sur le marché du travail probablement parce que les entreprises ont gelé leur embauche. Selon une étude des Services économiques RBC, la demande d’embauche diminue depuis janvier. Bien que la demande soit encore bien supérieure au niveau qu’elle avait atteint en septembre 2024 lorsque les craintes économiques liées à l’inflation nuisaient à l’investissement des entreprises, ce fléchissement est une autre indication que le commerce peut faire ployer l’économie.
« Pensez aux nouveaux diplômés ou aux personnes qui, pour une raison ou une autre, ne travaillaient pas et se mettent maintenant à rechercher un emploi. Ces personnes sont entrées sur le marché du travail pour trouver un emploi. La demande est tout simplement inexistante puisque les entreprises n’embauchent pas », explique Mme Fan.
Perspectives
Voilà toutefois une bonne nouvelle. À l’heure actuelle, l’impact du commerce est principalement confiné au secteur manufacturier, en particulier le secteur automobile. Jusqu’à présent, il ne semble pas avoir touché grandement d’autres secteurs. En fait, la finance, l’assurance et l’immobilier, la location et le crédit-bail ont permis de créer 24 000 emplois en avril, tandis que 31 500 emplois à temps plein ont été créés dans l’ensemble de l’économie. « Nous n’assistons pas à une généralisation des pertes d’emploi. En réalité, certains secteurs tertiaires se portent bien », note Mme Fan.
Grâce à l’annonce d’une pause de 90 jours de la guerre commerciale avec la Chine du président américain Donald Trump, qui semble par ailleurs assouplir sa position sur les droits de douane en général, il est possible que les répercussions sur l’économie soient éphémères ou du moins pas si graves qu’on ne le pensait au départ. « Nous évitons maintenant confortablement le terme de “récession” au Canada », déclare Mme Fan.
Pour connaître les effets probables de la guerre commerciale sur le Canada à partir d’aujourd’hui, Mme Fan s’intéresse à l’outil de suivi des dépenses de consommation RBC,3 actualisé toutes les deux semaines. Selon Mme Fan, malgré la diminution des dépenses de consommation en février et en mars, celle-ci est restée marginale. Si les chiffres de l’outil se mettent à chuter plus vite et la demande d’embauche ralentit, cela indiquera que les droits de douane pourraient avoir un impact beaucoup plus important sur l’ensemble de l’économie canadienne.
Bien que le Canada fait encore face à des droits de douane de 10 % sur l’énergie et de 25 % sur les produits ne relevant pas de l’AEUMC et exportés aux États-Unis, il s’agit de l’un des droits de douane globaux les plus bas que les États-Unis aient imposés à un pays, remarque Mme Fan. Il est possible que le pire soit évité à tout jamais. « Si le risque commercial continue de s’atténuer, nous espérons que les licenciements directs diminueront, ajoute-t-elle. Une fois que les entreprises commenceront à croire en un retour à la normale et la stabilité, elles pourront se mettre à planifier et la demande d’embauche pourrait revenir. »
Sources
1. Statistique Canada, "Enquête sur la population active, avril 2025", mai 2025
2. Services économiques RBC, “Tariffs hit manufacturing jobs in Canada in April” (en anglais seulement), « Les droits de douane ont un effet sur les emplois du secteur manufacturier au Canada en avril » (traduction libre), mai 2025
3. Services économiques RBC, “RBC Canadian cardholder spending continues to defy broader concerns” (en anglais seulement), « La dépense des titulaires de carte RBC continue de défier les préoccupations générales » (traduction libre), mai 2025
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