L'immigration ralentit – Ce que cela signifie pour l'économie
Rédigé par Andrew Agopsowicz | Publié le 3 septembre 2020
Rédigé par Andrew Agopsowicz | Publié le 3 septembre 2020
Compte tenu de la fermeture généralisée des frontières, des mesures de confinement et des bouleversements économiques, il n'est pas surprenant que la pandémie de COVID-19 ait ralenti l'immigration au Canada.
De nouvelles données mettent en évidence l'ampleur du recul, qui pourrait durer plusieurs mois. Même selon notre scénario le plus optimiste, alors que le Canada s'était fixé pour objectif d'accueillir 341 000 nouveaux arrivants cette année, seulement 70 % de ce nombre obtiendront la résidence permanente. Cette réduction fragilise, du moins temporairement, ce qui a été une importance source de croissance économique pour le Canada depuis quelques années.
Le Canada a connu un déclin généralisé de l'immigration d'avril à juin. La pandémie a mis fin aux rêves de nouveaux arrivants en quête d'un emploi temporaire, de possibilités d'études ou d'une nouvelle vie. Pendant le trimestre, le nombre de résidents permanents entrés au pays a plongé à 34 000, comparativement à 94 000 l'an dernier, ce qui représente une baisse de 67 %. Une reprise timide a eu lieu en juin, même si le nombre d'immigrants permanents est demeuré inférieur de 44 % à ce qu'il était en juin 2019. En effet, seules les personnes détenant un visa de résident permanent délivré le 18 mars ou avant ont pu entrer au pays.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a approuvé les demandes de résidence permanente de 24 000 personnes entre avril et juin. Comme on a recensé seulement 4 000 arrivées aux aéroports internationaux en juin, il est clair que la plupart de ces demandeurs se trouvaient déjà physiquement au Canada. Tant que les autres restrictions sur les déplacements sont en vigueur, nous nous attendons à ce que le nombre de nouveaux résidents permanents reste très bas, même si le délai de traitement des demandes s'améliore. Au rythme actuel, nous prévoyons que seulement 70 % des 341 000 résidents permanents initialement prévus seront entrés au pays à la fin de l'année.
Au moment de la fermeture des frontières, la possibilité d'embaucher une main-d'œuvre saisonnière essentielle a suscité une vive inquiétude dans le secteur agricole. Grâce aux efforts du gouvernement et au soutien financier accordé aux producteurs, le Canada a réussi à maintenir le flux de travailleurs agricoles étrangers temporaires à des niveaux proches de ceux de 2019, et ce, malgré l'obligation de s'isoler pendant deux semaines à l'arrivée.
Pour d'autres catégories d'emplois temporaires (comme les soignants à domicile), les approbations de permis sont demeurées bien en deçà des niveaux de l'année dernière. Bien que la demande ne soit pas aussi forte que pour le travail agricole saisonnier, le secteur des soins de santé, particulièrement auprès des personnes âgées, emploie une grande partie de ces personnes. Comme la COVID-19 a mis le secteur canadien de la santé à rude épreuve, surtout les établissements de soins de longue durée, le besoin de main-d'œuvre n'a jamais été aussi grand. Tout ralentissement risque d'aggraver les tensions existantes.
Les données sur les nouvelles demandes de résidence permanente nous préoccupent pour l'automne et l'hiver. Les centres de réception des demandes de visa restent fermés dans de nombreux pays, si bien que les immigrants potentiels peuvent difficilement présenter leur demande. En outre, les conséquences pénibles de la pandémie, comme les préoccupations en matière de santé, les pressions accrues sur les aidants familiaux et les pertes d'emploi, sont susceptibles de dissuader les gens d'immigrer à l'heure actuelle. C'est l'une des raisons pour lesquelles les nouvelles demandes de résidence permanente ont chuté de 80 % au deuxième trimestre.
Le délai entre la soumission d'une demande et son approbation va de un à deux ans en temps normal. Par conséquent, le Canada ne ressentira pas le plein effet de la COVID-19 sur l'immigration avant l'année prochaine. Renforcer les programmes qui incitent les titulaires d'un permis temporaire déjà présents au pays, comme les étudiants et les travailleurs étrangers, à s'installer de façon définitive constitue peut-être la meilleure solution afin de maintenir un flux élevé d'immigrants au Canada.
Sur les 24 000 nouveaux résidents permanents enregistrés pendant le trimestre, environ 58 % sont des travailleurs étrangers temporaires, des étudiants ou des personnes bénéficiant du Programme de mobilité internationale. En temps normal, seuls quelque 20 % des nouveaux résidents permanents sont d'anciens titulaires de permis temporaires.
Pourquoi tout est important
Alors que le Canada concentre son énergie sur la lutte contre l'épidémie de COVID-19, il ne doit pas oublier les défis démographiques de la prochaine décennie. Une forte immigration est nécessaire pour :
Alors que l'automne approche à grands pas, on ne connaît pas encore le nombre d'étudiants étrangers qui arriveront au début de la session. Le nombre de nouveaux permis d'études finalisés au deuxième trimestre était extrêmement bas : par rapport à l'an dernier, environ 10 % seulement du volume normal ont été traités. La délivrance de visas d'études atteint toujours des sommets en juillet et en août; on ne sait donc pas encore si le nombre de demandes traitées peut remonter.
Toutefois, si la faiblesse de ces chiffres découle aussi d'une forte baisse du nombre de nouvelles demandes (comparable au déclin de 63 % des demandes de visas de résident temporaire dans toutes les catégories), alors les collèges et les universités, ainsi que les villes où ils se trouvent, doivent s'attendre à une année éprouvante sur le plan financier. Quelle que soit la catégorie d'immigrants, les perturbations se révéleront coûteuses. Toutefois, l'impact lié à l'absence des étudiants sera particulièrement dévastateur et pourra difficilement absorbé dans les années à venir. Ce sera alors véritablement une année perdue.
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