Qu'y a-t-il dans le panier? Aperçu de l'IPC

On dirait qu'on ne peut regarder les nouvelles ou parcourir les grands titres de nos jours sans entendre parler de l'inflation – ce qui est juste, car elle a des répercussions sur notre vie quotidienne de bien des façons. Qu'est-ce qui sert exactement à déterminer les chiffres mensuels de l'inflation qui suscitent tant d'attention?

Au Canada, ces chiffres sont tirés d'un paramètre précis et dynamique, soit l'Indice des prix à la consommation (IPC), largement utilisé par les économistes pour mesurer la hausse ou la baisse des prix pour les consommateurs moyens, et donc considéré comme un outil utile pour calculer l'inflation.

Plus précisément, l'IPC mesure la moyenne des variations de prix d'un « panier de produits et de services », et on y fait habituellement référence dans une comparaison d'une année sur l'autre. Par exemple, si l'IPC au Canada se chiffrait à 8,1 % au cours d'un mois donné, cela indiquerait qu'au cours de la dernière année, les prix des produits et services ont augmenté en moyenne de 8,1 %.

L'IPC est souvent communiqué et cité dans la recherche économique et la prise de décisions, et ses calculs ont une grande incidence; les gouvernements fédéral et provinciaux utilisent souvent les données de l'IPC pour calculer les programmes d'imposition et de retraite. Vous entendrez peut-être parler d'inflation globale et d'inflation fondamentale, surtout dans les médias. L'inflation globale désigne les données brutes sur l'inflation. L'inflation fondamentale, qui est surveillée de près par les banques centrales, y compris au Canada, exclut les composantes volatiles comme les aliments et l'énergie pour aider à mesurer les tendances à long terme de l'inflation.

Comment les pondérations et les prix du panier de l'IPC sont-ils calculés? La plus récente mise à jour de l'IPC, qui a été reflétée dans les chiffres de l'IPC de mai 2022 pour la première fois, a été créée à partir de données recueillies par le gouvernement au moyen d'enquêtes sur les dépenses des ménages, de données provenant d'un certain nombre de sources propres à l'industrie, comme l'Association canadienne de l'immeuble, les enquêtes sur le transport urbain et les données sur les passagers et les revenus du transport aérien. Pourtant, tout comme le panier lui-même, ces sources de données sont constamment ajustées.

En fait, pour que l'IPC reflète fidèlement l'incidence de l'inflation sur les dépenses au Canada, il faut fréquemment mettre à jour le panier pour qu'il corresponde à l'évolution des habitudes de consommation. Étant donné que l'IPC comprend plus de 700 produits et services, cela signifie que ces catégories et les pondérations qui leur sont attribuées (quel pourcentage des dépenses des ménages est affecté à ce produit) doivent être actualisées chaque année afin de suivre l'évolution de la consommation.

Par exemple, entre 2019 et 2020, le panier de l'IPC a dû être ajusté pour compenser le fait que la plupart des consommateurs n'avaient pas la possibilité de dépenser de l'argent pour des divertissements, des voyages ou des repas en personne. Par conséquent, les éléments essentiels liés à la nourriture, au logement et à la santé ont été évalués à une valeur plus élevée. Il a ensuite dû être mis à jour l'année suivante pour tenir compte de l'assouplissement des restrictions liées à la pandémie en 2021. L'un de ces ajustements a été la pondération des « boissons alcoolisées servies dans des établissements titulaires d'une licence », qui a augmenté de 0,12 point de pourcentage, pour s'établir à 0,69 % de la part du panier pour l'IPC de cette année, reflétant l'assouplissement des restrictions imposées aux salles de restaurant.

Mis à part la pandémie, les tendances technologiques et les habitudes de vie évoluent constamment, et sont nettement liées aux ajustements du panier. Pensez, par exemple, au montant que le ménage canadien moyen dépense sur le téléphone cellulaire. C'est probablement beaucoup plus qu'il y a 25 ans, mais les ménages dépensent sans doute beaucoup moins pour des produits ou des services qui ont été éclipsés par la technologie, comme les CD ou les frais de location de vidéos. Par conséquent, la pondération du panier pour les dépenses liées aux téléphones cellulaires s'est accrue, tandis que la catégorie liée à la location de vidéos a été éliminée.

Les coûts comme le loyer, l'assurance locataire, les frais hypothécaires et les taxes foncières sont également en hausse, et sont inclus dans le portrait. Les dépenses liées à l'achat d'une maison, comme les honoraires des agents et courtiers immobiliers, ont contribué à environ un cinquième de l'inflation au Canada à ce jour et sont inscrites dans la catégorie des « autres frais liés à une propriété » du panier.

La façon dont les consommateurs ajustent leurs dépenses dans certaines conditions économiques constitue une autre des raisons pour lesquelles le panier de l'IPC doit être mis à jour. En période de récession, par exemple, les familles pourraient réduire leur consommation dans les restaurants et acheter plus de nourriture à l'épicerie, ou réduire leur consommation de viande, en optant pour des repas moins chers à préparer.

Bien que l'IPC soit maintenant considéré comme un modèle souple qui résume bien l'incidence de l'inflation sur les dépenses des ménages, il ne reflète que le prix d'un panier donné pour illustrer l'inflation ou la déflation; il ne peut pas mesurer l'évolution des dépenses totales. D'autres mesures le font, notamment l'outil de suivi des dépenses de consommation de RBC, qui renforce les conclusions de l'IPC tout en ajoutant des renseignements sur l'utilisation du crédit ou les dépenses brutes.

En combinant l'IPC à d'autres mesures comme l'outil de suivi des dépenses des consommateurs, les observateurs et les décideurs sont en mesure d'obtenir un reflet plus précis et à jour du comportement des consommateurs. En mettant à jour fréquemment le panier afin de tenir compte de l'évolution des habitudes de consommation, l'indicateur demeure un reflet clé de l'incidence réelle de l'inflation sur les ménages canadiens.