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Une photo d’éoliennes lors d’une journée nuageuse.

Le lien entre le climat et vos placements

Rédigé par l’équipe Investisseur inspiré | Publié le 5 octobre 2021

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Selon un récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, commandé par les Nations Unies, l’activité humaine est probablement à l’origine des vagues de chaleur mortelles, des tempêtes hivernales sévères et d’autres phénomènes météorologiques alarmants qui secouent la planète. Il indique en outre que la fréquence et l’intensité des épisodes de sécheresse, des fortes précipitations et des cyclones tropicaux augmentent.

Les investisseurs canadiens sont sensibles à ces questions. D’après une étude du Pembina Institute publiée en mars 2021, les Canadiens veulent que leurs placements concordent avec les objectifs climatiques. Pas moins de 79 % d’entre eux souhaitent que la société lutte contre le changement climatique avec la même énergie que celle dont elle a fait preuve face à la COVID-19. Par ailleurs, en décembre 2020, le gestionnaire de placements américain BlackRock a dévoilé les résultats d’une enquête sur l’investissement durable. Il a notamment établi que des investisseurs représentant 25 000 milliards de dollars américains d’actifs prévoyaient doubler leurs actifs ESG (c.-à-d. environnementaux, sociaux et de gouvernance) en cinq ans, et que les risques liés au climat étaient la principale préoccupation de 88 % des répondants qui choisissent un portefeuille axé sur la durabilité.

« Au cours de la dernière décennie, nous avons assisté à un changement sans précédent chez les investisseurs en faveur de l’analyse et de l’utilisation des risques climatiques et ESG, et de leurs répercussions, dans les décisions de placement », a déclaré Allison Herren Lee, alors présidente par intérim de la Commission des valeurs mobilières des États-Unis, dans un discours prononcé plus tôt cette année. « L’année dernière a mis en évidence les raisons pour lesquelles la barrière perçue entre la valeur sociale et la valeur marchande est en train de tomber. » De plus en plus d’investisseurs prennent en compte les critères ESG (environnement, société et gouvernance) dans leurs décisions. De plus, les craintes suscitées par les perturbations du climat et de la chaîne logistiques trouvent de plus en plus d’écho dans les salles de conseil, selon Mme Herren Lee.

Il existe une bonne raison à cela. En 2020, le Stern Center for Sustainable Business de l’Université de New York a mené une méta-analyse de plus d’un millier d’études publiées au cours des cinq années précédentes. Il a constaté que 58 % d’entre elles établissaient un lien positif entre les pratiques ESG d’une entreprise et de meilleurs paramètres opérationnels tels que le rendement des capitaux propres, le rendement de l’actif ou le cours des actions. Les entreprises étaient plus respectueuses de l’environnement et mieux protégées contre les crises sociales et économiques. De même, 59 % des études sur les placements prises en compte dans l’analyse ont révélé que les stratégies de placement axées sur les critères ESG produisaient des résultats similaires ou supérieurs à ceux des stratégies de placement traditionnelles.

Les investisseurs autonomes confrontés à la question complexe du changement climatique se demandent peut-être quelles mesures ils peuvent prendre. La lutte contre le changement climatique ne dépend pas uniquement des gouvernements ou des entreprises. Les particuliers peuvent également prendre des décisions de placement réfléchies, pour aider à la fois leur portefeuille et la planète. Si vous êtes résolu à prendre en compte les critères ESG dans votre portefeuille, comme le font déjà de nombreux investisseurs, voici quelques observations d’experts en développement durable, finance et affaires.

Adopter une vision à long terme des industries et des secteurs traditionnellement non durables

Les placements liés au pétrole et au gaz occupent depuis longtemps une place importante dans de nombreux portefeuilles canadiens. Certaines entreprises ont exhorté les actionnaires à voter contre les propositions demandant des réductions d’émissions, tandis que d’autres ont présenté des plans à long terme pour atteindre la carboneutralité. De grands producteurs de pétrole et de gaz ont pris le parti de reconnaître leur rôle dans la production de carbone pour les décennies à venir, et ont modifié leurs plans d’affaires pour y inclure le financement de technologies de capture du carbone, la recherche sur les biocarburants et d’autres projets visant à réduire leur empreinte carbone; ces mesures ont pour but de répondre aux attentes de certains actionnaires.

Compte tenu des changements en cours, un investisseur qui envisage d’entrer dans ce secteur ou d’en sortir doit, bien entendu, réfléchir au moment opportun. « Il est important de comprendre qu’il y aura une transition vers la carboneutralité », explique Sara M. Alvarado, directrice générale de l’Institute for Sustainable Finance, dont la mission est d’harmoniser finance traditionnelle et finance durable, grâce à la recherche, à l’information, à la collaboration et à la sensibilisation. Mme Alvarado note que la transition prendra du temps. Il est donc important de suivre les plans à long terme que les sociétés ont élaborés en vue de réduire leurs émissions ou de prendre en compte des indicateurs ESG. Selon elle, les entreprises qui parviennent à exécuter leurs plans s’en sortiront probablement mieux que les autres.

Pour Derek Eaton, directeur de la recherche et de la sensibilisation en politiques publiques à l’Institut pour l’IntelliProspérité, un réseau national de recherche et groupe de réflexion sur la politique de l’Université d’Ottawa, il est également essentiel de connaître son horizon temporel. M. Eaton croit que l’évolution du paysage politique accentue l’incertitude entourant les placements dans le secteur du pétrole et du gaz, rendant l’évaluation du compromis risque-rendement plus difficile. Les investisseurs ont tout intérêt à ajuster leur point de vue et à adopter un regard critique sur la façon dont les analystes intègrent le risque.

Prendre en compte les risques globaux pour l’ensemble de votre portefeuille

Dans quelle mesure les coûts d’assurance, les inondations, la sécheresse, les tempêtes ou les incendies peuvent-ils avoir une incidence sur l’ensemble de vos placements? Pour trouver une réponse, les investisseurs ont à leur disposition un nombre croissant de recherches.

« Il ne fait aucun doute que les phénomènes météorologiques inhabituels survenus en Amérique du Nord au cours des cinq dernières années ont amené les gens à se dire : “C’est réel. Nous devons faire agir” », déclare Tessa Hebb, chercheuse émérite au Carleton Centre for Community Innovation de l’Université Carleton et ancienne membre du conseil d’administration de l’Association pour l’investissement responsable (AIR), dont les travaux portent sur l’investissement responsable et l’investissement d’impact. Elle propose de se plonger dans les recherches récentes de Blair Feltmate, professeur agrégé à la faculté d’environnement de l’Université de Waterloo et président du Climate Change Adaptation Project.

Sur ce point, Mme Alvarado renvoie à l’aperçu du Bureau du surintendant des institutions financières sur les risques liés au climat (risque physique, et risques liés à la transition et aux responsabilités). Les risques physiques sont, par exemple, les dégâts d’eaux et les tempêtes. Le risque lié à la transition fait référence aux défis associés à l’adaptation des modèles d’affaires en réponse aux objectifs de carboneutralité, comme le captage du carbone ou la modification des chaînes logistiques. Le risque lié aux responsabilités découle de l’obligation fiduciaire des conseils d’administration de divulguer les risques importants auxquels l’entité est exposée, notamment ceux liés au changement climatique. « Les investisseurs particuliers auront de plus en plus de renseignements pour faire leur analyse; ces renseignements devraient être standardisés afin de faciliter les comparaisons », explique Mme Alvarado.

Évaluer les possibilités d’investissement durable

Les changements importants dans la société créent des occasions. Qu’est-ce que cela peut signifier pour les investisseurs autonomes? « On peut se dire qu’il est bon d’avoir une certaine exposition à des entreprises et à des technologies [durables] relativement éprouvées. Mais en ce qui concerne les placements plus risqués, ne serait-il pas formidable d’avoir une participation dans le prochain Tesla? », affirme M. Eaton. Selon lui, de nombreuses entreprises du secteur des énergies propres et des technologies connexes tireront leur épingle du jeu, mais un nombre encore plus important d’entre elles échoueront ou se laisseront dépasser. « Vous devriez réfléchir à la façon de répartir le risque dans votre portefeuille. »

Cerner les placements qui en valent vraiment la peine peut relever de la gageure. « Plus un investisseur autonome se renseigne, plus il est en mesure de distinguer ceux qui ont de vraies stratégies et des plans d’exécution, de ceux qui font de l’écoblanchiment », souligne Mme Alvarado. L’écoblanchiment désigne la pratique consistant à tromper les consommateurs en leur faisant croire qu’une marque est plus soucieuse de l’environnement qu’elle ne l’est en réalité. L’entreprise a-t-elle une stratégie et des plans d’exécution? Envisage-t-elle d’uniformiser ses déclarations? Dans quelle mesure ses rapports sont-ils détaillés? D’après Mme Alvarado, les réponses à ces questions peuvent aider les investisseurs à prendre des décisions éclairées.

Comment faire vos recherches sur le climat et les placements?

Le fait que les données ne sont pas standardisées ni uniformes et que les entreprises ne sont pas obligées de les divulguer est seulement l’un des obstacles auxquels se heurtent les investisseurs en quête de renseignements supplémentaires. Et même lorsqu’une entité publie volontairement des renseignements, M. Eaton recommande de faire preuve d’un certain scepticisme. « Malheureusement, s’agissant d’un domaine qui n’est pas encore très réglementé (il a été largement déterminé par le marché), il existe des risques évidents d’écoblanchiment », met-il en garde.

Ce que confirme Mme Alvarado. « Il existe bien des agences de notation ESG, mais leurs méthodologies divergent », déclare-t-elle. Selon elle, la lecture du rapport sur la durabilité d’une grande société, qui peut faire partie du rapport annuel ou être un document distinct, peut donner aux investisseurs un aperçu de l’empreinte de la société et de ses projets. « La manière dont la stratégie de durabilité est intégrée aux indicateurs de rendement nous renseigne sur l’orientation de l’exécution. »

En outre, le groupe de travail du CFA Institute (organisme professionnel mondial sans but lucratif spécialisé dans l’enseignement de la finance et des placements), dont Mme Alvarado fait partie, s’attache à concevoir une ressource, d’après un document de consultation en cours, en vue de définir des normes mondiales de communication volontaire de l’ESG pour les produits de placement, ce qui pourrait être utile pour les investisseurs.

Si vous investissez dans des fonds communs de placement ou des FNB, Mme Hebb suggère, comme point de départ, de regarder les indices qui suivent les entreprises ayant une cote ESG élevée ou des données relatives à l’environnement et au climat en particulier. L’investisseur moyen peut également accéder aux recherches et aux publications par l’intermédiaire de l’Association pour l’investissement responsable au Canada. Elle ajoute : « De plus en plus de fonds communs de placement et de fonds négociés en bourse cherchent à atteindre zéro émission nette [de carbone] d’ici 2050. C’est un autre signe positif que l’on peut rechercher. »

Investir avec le cœur et la tête

Mme Hebb affirme que la démarche consistant à prendre en compte le climat dans ses placements en vaut la peine. « Il ne suffit pas que le gouvernement, les municipalités, les fonds communs de placement, etc. passent à l’action. Chacun d’entre nous doit prendre toutes les mesures possibles pour passer à une économie à faible émission de carbone. Je considère que les portefeuilles de placement des Canadiens constituent un atout considérable dans cette transition. »

M. Eaton convient qu’il y a plus à gagner que des rendements. « J’espère que de nombreux investisseurs éprouveront une satisfaction personnelle à favoriser le changement par l’intermédiaire des marchés financiers; c’est vraiment devenu une question existentielle. Si vous êtes en mesure de contribuer au processus global, cela veut dire que vous investissez avec le cœur et avec la tête. »

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