Il peut se produire des choses étonnantes lorsqu'on se fixe des objectifs clairs

Qu'aimerais-tu faire quand tu seras grand? Originaire de Boisbriand au Québec, Charles Deguire connaissait la réponse avant même d'avoir 10 ans. Enfant, il a vu trois de ses oncles souffrir de dystrophie musculaire et imaginait des outils qui pourraient améliorer leur qualité de vie. Il s'est alors fixé un objectif clair. « J'ai décidé de devenir ingénieur. Je voulais me servir de la technologie pour aider les gens », dit-il.

Pendant ses études, M. Deguire a pris conscience de l'écart existant entre ce qui était possible et ce qui était accessible. « Pendant mes études en ingénierie, j'ai participé à la conception de robots destinés à l'exploration spatiale, explique-t-il. Or, ici sur Terre, mes oncles n'avaient aucun outil pratique pour les aider à boire un verre d'eau. » M. Deguire a alors fait équipe avec un autre étudiant, Louis-Joseph L'Écuyer, et ensemble, ils ont décidé de changer les choses. « Nous étions convaincus de pouvoir mettre la robotique au service des personnes en fauteuil roulant, de bien meilleures façons que tout ce qui avait été fait jusque-là », se rappelle-t-il. En une seule fin de semaine, ils ont conçu un modèle de bras d'assistance qui leur paraissait faisable. « Dès que nous avons compris que c'était à notre portée, il n'y avait plus de raison de ne pas nous lancer. »

Et c'est ce qu'ils ont fait. « Nous étions encore étudiants et nous travaillions 80 heures par semaine dans le sous-sol de l'université pour créer un prototype », raconte M. Deguire. Après quatre années de travail acharné, ils ont présenté un bras d'assistance appelé JACO, prêt à être utilisé. Mais ce n'était que le début. Un nouveau défi les attendait : le démarrage de leur entreprise. « Quand nous avons étudié le génie électrique et la robotique, nous l'avons fait de façon systématique, avec des experts, explique M. Deguire. Nous avons adopté la même approche en matière de développement des affaires, d'expansion à l'étranger et de négociation de contrats. »

Aujourd'hui, Kinova est une société primée qui compte des clients de divers secteurs partout dans le monde et qui figure parmi les entreprises qui croissent le plus rapidement au Canada. Pourtant, MM. Deguire et L'Écuyer ne se reposent pas sur leurs lauriers. « Nous sommes plongés dans le monde de la robotique, mais nous nous obligeons souvent à en sortir », remarque M. Deguire. C'est ainsi que les deux associés procèdent pour repérer de nouvelles façons d'aider les gens avec la robotique, par exemple, en matière de chirurgie ou de manipulation des déchets toxiques. La quête de MM. Deguire et L'Écuyer n'a pas changé : « Comment la robotique peut-elle changer le monde? Cette question nous stimule. »