Combien de temps faut-il réellement pour créer une nouvelle habitude?

Qu’il s’agisse de boire huit verres d’eau par jour, d’arrêter enfin de fumer ou d’abandonner un mode de placement qui ne nous convient pas, il faut du temps pour adopter une nouvelle habitude et, d’abord et avant tout, pour la garder. D’accord, mais combien de temps au juste? Les opinions divergent à ce sujet. Voici quelques croyances populaires sur l’acquisition de nouvelles habitudes.

Cinq secondes (sans blague!)

L’une des conférences TEDx les plus visionnées (plus de 17,5 millions de fois à ce jour) est celle de l’accompagnatrice en développement personnel Mel Robbins, intitulée How to stop screwing yourself over (Comment arrêter de vous mettre des bâtons dans les roues). Elle y explique la règle des cinq secondes. Selon M^me Robbins, nous passons 40 % de nos journées en mode « pilote automatique », à faire les choses purement par habitude. « S’il vous vient l’instinct de réaliser un objectif, vous devrez bouger en moins de cinq secondes, sans quoi votre cerveau le réprimera. » Il faut apprendre à s’accrocher à ce sentiment au lieu de reléguer la nouvelle habitude dans les confins les plus reculés de son cerveau.

Ceux qui prennent une décision de placement en cinq secondes sans faire leurs devoirs ne recourent sans doute pas à la meilleure stratégie qui soit, mais plusieurs habitudes liées aux placements sont faciles à adopter rapidement. Par exemple, l’établissement d’un régime de cotisations préautorisées (CPA) permet de se payer en premier en investissant automatiquement dans ses comptes d’épargne et de placement. Et voilà! Une nouvelle habitude d’épargne est née.

Trois jours

Selon un vieil adage, il faut trois jours pour se débarrasser d’une habitude. Peu importe le temps nécessaire, nous avons de meilleures chances de réussir si nous adoptons une nouvelle habitude au même moment, affirme Charles Duhigg, journaliste lauréat d’un prix Pulitzer, dans son livre The Power of Habit: Why We Do What We Do in Life and Business. Une fois que nous avons remplacé une vieille habitude (comme une tendance à investir de manière impulsive) par un nouveau comportement (il convient d’abord de se demander  si un placement nous convient et de faire quelques recherches), il faut le répéter trois fois de suite pour en faire réellement la norme.

21 jours

Pendant les cinq décennies ayant suivi la parution en 1960 de La psycho-cybernétique, un livre de psychologie immensément populaire, il fallait de l’avis général compter 21 jours pour modifier un comportement. Selon le D^r Maxwell Maltz, auteur et plasticien, c’était en effet le temps qu’il fallait à ses patients pour s’habituer à leur nouvelle apparence. Les psychovulgarisateurs ont vite adopté cette notion simple, mais les penseurs contemporains savent qu’il faut plus de trois semaines pour modifier ses habitudes.

Au lieu de mettre l’accent sur un échéancier donné, l’accompagnateur en affaires Tom Bartow affirme que l’acquisition d’une habitude passe par trois phases : la lune de miel, la lutte sans trêve et l’automatisme. Durant la première phase, nous nous sentons inspirés, et le changement semble même être un jeu d’enfant. La réalité nous rattrape ensuite, de sorte qu’il faut lutter pour garder le cap. Finalement, si nous tenons bon, la nouvelle habitude deviendra peu à peu un automatisme. Il pourra nous arriver de faire une rechute et de revenir à la deuxième phase, mais nous parviendrons à nous en sortir de nouveau, dit-il.

66 jours (ou qui veut voyager loin ménage sa monture)

Bien qu’il puisse sembler efficace de changer ses habitudes en quelques jours (ou tout de suite), la plupart d’entre nous savent au fond qu’il faut beaucoup plus de temps pour modifier un comportement. Selon une étude publiée dans la revue European Journal of Social Psychology, il est plus réaliste de se fixer un objectif d’environ deux mois. Et plus le comportement est complexe, plus il faut de temps. Tout vient à point à qui... travaille fort. N’est-ce pas ce que dit le dicton?

Évidemment, ceux qui sont moins patients veulent changer...

Du jour au lendemain

Avant d’acquérir une nouvelle habitude, il faut souvent en laisser tomber une vieille, et comme lorsqu’on arrache un pansement, il est parfois moins douloureux de le faire rapidement. Le fait d’abandonner une habitude du jour au lendemain peut donner des résultats étonnamment bons, mais pour y arriver, il faut être vraiment déterminé. Les participants à une étude sur l’abandon du tabac, dont les résultats ont été publiés dans la revue Annals of Internal Medicine en 2016, ont été répartis en deux groupes distincts : un qui devait cesser immédiatement de fumer, et un qui devait procéder de façon graduelle. Après un mois, près de la moitié des participants qui avaient renoncé brusquement au tabac tenaient toujours le coup, tandis que seulement 39,2 % de ceux qui avaient cessé progressivement avaient résisté à la tentation de fumer.

Fait intéressant, parmi les participants ayant opté pour le sevrage brutal, ceux qui étaient favorables à cette option avant le début de l’étude – c’est-à-dire ceux qui semblaient particulièrement motivés – ont eu plus de succès : 58 % d’entre eux ne fumaient plus après un mois, comparativement à 42 % de ceux qui auraient préféré une méthode plus progressive.

En conclusion, quelle que soit l’approche que vous privilégiez, n’abandonnez pas trop rapidement. Il est possible que vous traversiez quatre étapes distinctes : la partie difficile (arrête de faire cela!), l’examen de conscience (qu’est-ce que tu attends au juste?), la lumière au bout du tunnel (c’est presque une seconde nature, ne baissons pas trop vite la garde) et enfin, le résultat final (ça y est, j’ai réussi!). Vous pourrez alors vous détendre et profiter de votre nouvelle habitude. Après tout, vous le méritez bien!