De l’épargne à l’investissement : point de vue d’un nouvel arrivant

Mes deux valises en main, je vois clignoter une myriade de chiffres sur un écran LED géant de l’aéroport international de Pékin. Au moment de l’embarquement pour le vol KA901 à destination de Hong Kong, j’inspire profondément. Dans environ quatre heures, je ne serai plus qu’à un vol de ma destination : Toronto.

Nous étions alors en 2018. J’allais commencer mes études supérieures. À l’époque, j’étais un étudiant chinois international curieux et avide de connaissances. Dans l’avion partant de Chine, je m’imaginais le Canada comme un pays où l’air est plus pur; une démocratie qui respecte la liberté d’expression; une nation dont le leader avait fait une fameuse déclaration disant que « l’amour c’est l’amour » et qui accepte les différences et la diversité.

Près de quatre ans plus tard, je célèbre ma première fête du Canada en tant que résident permanent dans ce pays que je considère désormais comme mon foyer d’adoption. Cette étape mérite d’être célébrée, mais elle donne aussi l’occasion de réfléchir.

Vient la question de l’argent.

J’ai grandi dans un foyer modeste. Pour mes parents, il fallait toujours économiser et toute nourriture laissée dans mon assiette suscitait leur colère. Cette parcimonie m’a fortement marqué. Durant mes sept années de carrière à Pékin, j’ai beaucoup cuisiné, j’ai acheté des billets de compagnies aériennes à faible coût et je logeais chez des hôtes lorsque je partais à l’étranger. Année après année, je plaçais mon salaire dans un compte d’épargne.

Et j’en suis heureux! Sans mon épargne, je n’aurais jamais pu étudier au Canada et je n’aurais pas pu atteindre les objectifs que je me suis fixés.

Pendant mes études supérieures, j’ai continué à économiser. Vu le budget limité dont je disposais, c’était bien logique. Le salaire d’un stage d’été m’a également été utile, alors que mes économies s’épuisaient. Une fois mes frais de nourriture, de loyer et de scolarité payés, je conservais chaque centime, que je versais là encore dans un compte d’épargne.

Grâce à cette rigueur, j’ai pu financer moi-même mes études. Ma discipline m’a aussi permis de m’en sortir durant la pandémie.

Mais aujourd’hui, tout a changé. Ma vie ne se limite plus aux deux années d’un diplôme de maîtrise. Il y a seulement deux mois, j’avais encore un visa de travail portant une date d’expiration. Aujourd’hui, maintenant que je suis devenu résident, j’attends avec impatience le jour où je pourrai voter pour la première fois en tant que citoyen.

Mon avenir au Canada semble désormais bien réel. Il ne se limite pas à une capacité légale et me confère un vrai sentiment d’appartenance. J’entrevois le jour où j’achèterai un appartement. Pas cette année, pas l’année prochaine, mais un jour. Pourtant, je sais aussi que sans sécurité financière, mes projets de vie, qu’il s’agisse d’accession à la propriété ou de plans de retraite, resteront inaccessibles.

Alors que commence ce nouveau chapitre de ma vie, j’ai réalisé que le moment est venu de penser aux placements.

Je suis donc passé à l’action en faisant de tout petits pas. J’ai commencé par me familiariser avec le jargon et les acronymes de l’univers des placements. Je viens notamment d’apprendre que les taux et les prix des obligations évoluent en sens inverse! De plus, je me suis ouvert un compte fictif pour m’initier à la négociation

Je lis aussi autant que possible. Le livre que je lis en ce moment traite de l’histoire de l’argent et de la façon dont certains concepts financiers de base ont façonné notre société et nos civilisations. L’un des premiers enseignements que j’en tire est que les personnes qui négligent la littératie financière le font à leurs risques et périls.

Les millénariaux ont compris l’importance de l’épargne et de l’investissement. Selon un rapport que j’ai lu récemment, près d’un quart des Américains de la génération Y disposent de 100 000 $ d’épargne et font partie d’une communauté soudée, soucieuse d’apprendre à investir de manière avisée. Fréquentant assidument les forums de discussion en ligne, les jeunes investisseurs transmettent volontiers leurs connaissances et échangent des anecdotes au sujet de leurs placements.

Au Canada, parmi les investisseurs autonomes âgés de 18 à 34 ans, près de la moitié ont fait leurs premiers pas dans l’univers des placements durant la pandémie, comme l’indique le Sondage sur les jeunes investisseurs RBC Placements en Direct 2022. Ce sondage a révélé que de nombreux jeunes investisseurs comme moi investissent désormais dans une optique à long terme, bien qu’ils aient grandi dans des familles dépourvues de connaissances en placement.

En tant que membre de la génération Y, j’arrive sans doute avec un peu de retard. Mais comme on me l’a souvent dit, il n’est jamais trop tard pour commencer.

Je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre et vu la volatilité des marchés ces derniers temps, il ne sera pas facile de se frayer un chemin dans cet univers. Toutefois, je suis sûr que ce périple sera enrichissant. Après tout, je suis également en train d’investir dans un nouvel avenir, ici même, dans mon nouveau pays d’adoption.

Owen Guo est membre de l’équipe Investisseur inspiré, RBC Placements en Direct.