Sauter la barre de navigation du haut Passer au contenu principal
Des femmes sortent d'un bâtiment portant l'enseigne « population active » et des hommes y entrent.

La COVID-19 continue de faire payer un lourd tribut aux travailleuses

Rédigé par Dawn Desjardins and Carrie Freestone | Publié le 3 décembre 2020

Académie des placements. Le savoir soutient le succès. Visitez maintenant.

Les données récentes révèlent une trajectoire troublante. Au milieu de 2020, nous avons signalé que les Canadiennes avaient pâti plus que les hommes de la récession provoquée par la pandémie et qu'il continuerait d'en être ainsi. En quelques semaines à peine au printemps, la COVID-19 a mis un frein à trois décennies d'amélioration de la participation des femmes au marché du travail, ce qui annonce une reprise de l'économie canadienne plus lente que ce ne serait le cas autrement. Malgré les rebonds notables de l'emploi dans son ensemble et du PIB au cours des derniers mois, la pandémie continue d'assombrir l'avenir de nombreux secteurs dans lesquels les femmes étaient fortement représentées. De plus, la pandémie a alourdi les responsabilités familiales que les femmes assument habituellement.

C'est là une trajectoire divergente et troublante que les Canadiennes continuent de suivre, même si les Canadiens ont largement récupéré le terrain perdu au début de la pandémie.

De février à octobre, les femmes ont quitté la population active alors que les hommes cherchaient un emploi Variation du taux de chômage et de la taille de la population active, de février à octobre (données désaisonnalisées) Nouveaux chômeurs Hausse de 375 900 du nombre d’hommes au chômage Hausse de 307 100 du nombre de femmes au chômage Variation de la taille de la population active Hausse de 67 700 du nombre d’hommes dans la population active Baisse de 20 600 du nombre de femmes dans la population active Sources : Statistique Canada, Services économiques RBC
Graphique à barres montrant l’évolution du chômage et de la taille de la population active.

Principales constatations

  • Entre février et octobre, 20 600 Canadiennes ont quitté la population active, tandis que près de 68 000 hommes l'ont intégrée.
  • Les femmes de deux groupes clés quittent la population active plus rapidement, soit les femmes âgées de 20 à 24 ans et celles âgées de 35 à 39 ans.
  • Les femmes occupent une place prépondérante dans les secteurs les plus durement touchés et elles sont surreprésentées dans les secteurs moins favorables au télétravail.
  • Les femmes qui quittent la population active risquent de subir une dégradation des compétences qui pourrait aggraver l'écart salarial entre les sexes qui existait avant la pandémie.

Les femmes quittent la population active alors même que les hommes la réintègrent

Entre février et avril, plus de 3 millions de Canadiens ont perdu leur emploi ; près de la moitié d'entre eux sont des femmes. En octobre, environ 2,4 millions de ces personnes, dont la moitié sont des femmes, avaient retrouvé un emploi. Cependant, les résultats sur le marché du travail n'indiquent pas toujours une répartition égale entre hommes et femmes. Entre février et octobre, 20 600 femmes ont quitté la population active, tandis que près de 68 000 hommes l'ont intégrée. En fait, le nombre de femmes ne faisant pas partie de la population active a augmenté de 2,8 % depuis février.

De février à octobre, environ 64 % de l'augmentation du nombre de personnes qui ne sont pas incluses dans la population active, c'est-à-dire celles qui ont perdu leur emploi, qui ne sont pas temporairement mises à pied et qui ne cherchent pas de travail, est attribuable aux Canadiennes. La majorité des hommes qui perdent leur travail cherchent activement un nouvel emploi (ce qui signifie qu'ils sont en chômage). Parallèlement, une proportion importante de femmes ont choisi de ne pas chercher un nouvel emploi (elles ont été considérées comme ne faisant pas partie de la population active).

Pourquoi les femmes quittent-elles le marché du travail alors même que les hommes dépassent les niveaux de participation d'avant la COVID-19?

  1. Les femmes sont plus susceptibles d'occuper des postes dans les secteurs qui ont été plus lents à se rétablir et qui sont aussi plus exposés à un second confinement.
  2. La capacité des femmes à travailler à domicile peut être plus limitée que celle des hommes, surtout si l'on tient compte du rôle plus important qu'elles jouent dans les domaines de l'hébergement, du commerce de détail et des arts.
  3. La pandémie a alourdi les responsabilités familiales des femmes : certaines garderies ont réduit la taille des groupes, et de nombreux enfants d'âge scolaire passent une partie ou la totalité de leurs heures de classe en ligne. La situation, bien que temporaire, peut forcer plus de femmes à choisir de ne pas travailler à l'extérieur du foyer.

La tendance des femmes à quitter la population active alors même que les hommes la réintègrent rend cette récession différente des précédentes. Lors de la récession de 2008-2009, les hommes ont absorbé davantage de pertes d'emploi et ont été plus lents à réintégrer la population active.

La nature des emplois des femmes et l'incidence de la COVID-19

Les Canadiennes étaient plus susceptibles d'occuper des postes de service à la clientèle et de travailler dans des secteurs comme l'hébergement et les services alimentaires, qui ont été durement touchés par la récession. Les secteurs dans lesquels les femmes travaillaient et le fait qu'elles sont plus susceptibles d'être employées à temps partiel expliquent approximativement les deux tiers de leurs pertes d'emploi.

Les femmes représentent 55 % des emplois perdus dans le commerce de détail, l’hébergement et les services alimentaires Part du total des emplois perdus (février-octobre) par secteur, excluant la construction, hommes et femmes âgés de 15 ans et plus (en pourcentage, données désaisonnalisées) Services professionnels, scientifiques et techniques : Femmes -4,3 % Hommes -5,6 % Services d’enseignement : Femmes -4,4 % Hommes -1,9 % Commerce de gros : Femmes -1,6 % Hommes -3,8 % Finance, assurance, immobilier, location et crédit-bail : Femmes -1,9 % Hommes -1,8 % Services publics : Femmes -0,2 % Hommes -0,5 % Foresterie, pêche, mines, carrières, pétrole et gaz : Femmes +0,2 % Hommes +0,8 % Administration publique : Femmes +0,8 % Hommes +0,9 % Soins de santé et services sociaux : Femmes +2,6 % Hommes +0,6 % Agriculture : Femmes +1,3 % Hommes +2,8 % Fabrication : Femmes +1,8 % Hommes +4,4 % Autres services (sauf administration publique) : Femmes +5,3 % Hommes +4,8 % Information, culture et loisirs : Femmes +5,2 % Hommes +6,4 % Services (entreprises, bâtiments et soutien) : Femmes +5,6 % Hommes +6,9 % Transport et entreposage : Femmes +3,2 % Hommes +11,8 % Commerce de détail : Femmes +10,8 % Hommes +9,8 % Services d’hébergement et d’alimentation : Femmes +22,5 % Hommes +17,6 % Sources : Statistique Canada, Services économiques RBC
Graphique à barres montrant les emplois perdus dans le commerce de détail, l’hébergement et les serv

En octobre, le secteur de l'hébergement et de la restauration a connu des pertes d'emplois mensuelles pour la première fois depuis avril, alors que la relance temporaire suscitée par les voyages d'été locaux et la restauration en plein air a pris fin. Parmi les 48 000 travailleurs de ce secteur qui ont perdu leur emploi en octobre, environ 80 % étaient des femmes. En fait, la diminution de la participation à la population active dans ce secteur est attribuable aux femmes dans une proportion équivalant à près du double de celle des hommes. Les craintes d'une deuxième vague ont sans doute été largement prises en compte dans leur décision de quitter la population active.

Les femmes constituent la majorité des personnes qui ont quitté la population active Part de l’augmentation de la population âgée de 20 à 54 ans ayant quitté la population active, selon le sexe et le groupe d’âge (en pourcentage, données désaisonnalisées) De 20 à 24 ans : Femmes 89,5 % Hommes 47,5 % De 25 à 29 ans : Femmes 0 % Hommes 30,9 % De 30 à 34 ans : Femmes -24,5 % Hommes 35 % De 35 à 39 ans : Femmes 81,8 % Hommes -26,5 % De 40 à 44 ans : Femmes -18,9 % Hommes 17,3 % 45 à 49 ans : Femmes -31,8 % Hommes -30,5 % 50 à 54 ans : Femmes -25,4 % Hommes -44,3 % Sources : Statistique Canada, Services économiques RBC
Graphique à barres montrant les personnes qui ont quitté la population active par tranches d’âge et

Par ailleurs, les hommes ont bénéficié de certaines tendances du marché du travail liées à la pandémie. De février à octobre, le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques a embauché 55 000 travailleurs alors que les activités de commerce électronique montaient en flèche. Les trois quarts de ces postes ont été comblés par des hommes.

De plus, le type de travail dicte l'emplacement du lieu de travail. Les hommes sont surreprésentés dans les services professionnels, scientifiques et techniques ainsi que dans les services aux entreprises, services aux bâtiments et autres services de soutien (y compris la gestion des sociétés et des entreprises). Ces secteurs sont plus propices au télétravail. Les restaurants, les bars et les commerces de détail, où les femmes sont très présentes, n'offrent pas cette souplesse.

La population active en deux générations

Parmi les femmes, deux groupes d'âge clés quittent la population active dans une plus grande mesure : les jeunes femmes et les femmes les plus susceptibles d'élever de jeunes enfants.

La taille de la population active pour les femmes âgées de 20 à 24 ans a diminué d'environ 4,6 % entre février et octobre, alors que la participation des jeunes hommes à la population active est devenue positive. Ce n'est pas particulièrement surprenant. Aujourd'hui au Canada, les jeunes femmes sont plus instruites que leurs homologues masculins, et plus des trois quarts des femmes âgées de 20 à 24 ans qui ne faisaient pas partie de la population active en octobre étaient inscrites à un établissement d'enseignement postsecondaire. Il faut en déduire que de nombreuses jeunes femmes choisissent de retourner aux études ou de se recycler dans un contexte de récession.

La part des femmes de la population active de 25 ans et plus ayant fait des études postsecondaires augmente de façon constante Proportion de femmes dans la population active ayant fait des études postsecondaires, 25 ans et plus (en pourcentage, données non désaisonnalisées) Janvier 1990, Taux de participation : 44,9 Janvier 1995, Taux de participation : 51,1 Janvier 2000, Taux de participation : 55,3 Janvier 2005, Taux de participation : 59,5 Janvier 2010, Taux de participation : 62,3 Janvier 2015, Taux de participation : 65,7 Janvier 2020, Taux de participation : 70 Sources : Statistique Canada, Services économiques RBC
Graphique linéaire montrant l’évolution de 1 990 à 2 020 de la part des femmes de la population acti

La majorité des femmes âgées de 20 à 24 ans qui ont quitté la population active sont inscrites à un établissement d’enseignement postsecondaire Part du groupe âgé de 20 à 24 ans ayant quitté la population active en octobre 2020 selon le statut d’étudiant (en pourcentage, données non désaisonnalisées) Hommes : Étudiants : 72,8 % Non-étudiants : 27,2 % Femmes : Étudiantes : 75,7 % Non-étudiantes 24,3 % Sources : Statistique Canada, Services économiques RBC
Graphique à barres montrant la part du groupe âgé de 20 à 24 ans ayant quitté la population active e

Étant donné que les jeunes Canadiennes se préparent en vue d'une vie professionnelle après la crise, leur sortie de la population active est moins inquiétante que celle des femmes de 35 à 39 ans, qui quittent la population active en masse. La participation a aussi baissé parmi les hommes de ce groupe d'âge, mais pas autant que chez les femmes. En fait, près de la moitié des femmes de ce groupe d'âge qui ont perdu leur emploi depuis février n'ont pas cherché du travail. La maternité semble expliquer cet état de fait. Les femmes ayant des enfants de moins de six ans formaient 41 % de la population active en février, mais elles représentent les deux tiers des personnes ayant quitté la population active. Cette tendance ne diffère pas en fonction du niveau de scolarité, puisque les mères diplômées et celles qui ne le sont pas choisissent de se concentrer sur leurs responsabilités parentales à la maison.

Les mères d’enfants de moins de six ans représentent plus de la moitié des femmes âgées de 35 à 39 ans ayant quitté la population active Femmes ayant quitté la population active par statut parental et niveau de scolarité en octobre 2020 (en pourcentage, données non désaisonnalisées) Mères sans diplôme d’enfants de moins de six ans ayant quitté la population active : 30,8 % Mères diplômées d’enfants de moins de six ans ayant quitté la population active : 22,1 % Autres – Sans diplôme, ayant quitté la population active : 18,4 % Mères sans diplôme d’enfants de 6 à 12 ans ayant quitté la population active : 15,6 % Autres – Diplômées, ayant quitté la population active : 7,3 % Mères diplômées d’enfants de 6 à 12 ans ayant quitté la population active : 5,8 % Sources : Statistique Canada, Services économiques RBC
Graphique à barres montrant la part des femmes qui ont quitté la population active, par statut par

Conclusion

La deuxième vague de la COVID-19 et les nouvelles restrictions touchant l'activité économique ne provoqueront pas un choc de la même ampleur que celui qui a frappé le Canada au printemps. D'abord, les secteurs, y compris le commerce de détail, ont commencé à s'adapter à un mode d'exploitation plus numérique. Néanmoins, tout événement ayant pour effet de prolonger les difficultés de certains secteurs et de garder plus d'enfants à la maison risque de retarder le retour des femmes au sein de la population active. Ce retard pourrait avoir de lourdes conséquences sur la réduction de l'écart salarial entre les sexes et l'acquisition par les femmes des compétences dont elles auront besoin dans une économie en pleine transition.

RBC Placements en Direct Inc. et Banque Royale du Canada sont des entités juridiques distinctes et affiliées. RBC Placements en Direct Inc. est une filiale en propriété exclusive de Banque Royale du Canada et elle est membre de l’Organisme canadien de réglementation des investissements et du Fonds canadien de protection des investisseurs. Banque Royale du Canada et certains de ses émetteurs sont reliés à RBC Placements en Direct Inc. RBC Placements en Direct Inc. ne fournit pas de conseils en placement et ne fait pas de recommandations concernant l’achat ou la vente de titres. Les investisseurs sont responsables de leurs décisions de placement. RBC Placements en Direct est un nom commercial utilisé par RBC Placements en Direct Inc. ®/MC Marque(s) de commerce de Banque Royale du Canada. RBC et Banque Royale sont des marques déposées de Banque Royale du Canada. Utilisation sous licence.

© Banque Royale du Canada, 2024.

Les renseignements, opinions ou points de vue présentés dans le présent document, y compris les hyperliens vers le site Web de RBC Placements en Direct Inc. ou les sites Web de ses sociétés affiliées ou de tiers, sont fournies à titre d’information générale seulement et ne constituent en aucun cas des conseils financiers, juridiques, fiscaux, comptables ou autres. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. RBC Placements en Direct Inc. et ses sociétés affiliées ne font pas la promotion, explicitement ou implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers. Vous devriez consulter votre conseiller avant de prendre quelque décision que ce soit sur la base des renseignements contenus dans ce document.

Par ailleurs, les produits, services et titres mentionnés dans cette publication sont offerts uniquement au Canada et dans les autres territoires où la loi autorise leur mise en vente. L’information accessible sur le site Web de RBC Placements en Direct est réservée uniquement aux résidents du Canada et ne doit pas être consultée à partir d’un territoire situé à l’extérieur du Canada.

EXPLOREZ DAVANTAGE
Un calendrier des dates clés pour les investisseurs.

Dates clés pour les investisseurs : août 2024

Dates, échéances, annonces et plus encore que les investisseurs autonomes doivent savoir.

Person using RBC Direct Investing's new features on a summer day.

Navigateurs : Plus d’heures de négociation mobile, webinaires et configurations du tableau de bord

Restez au frais cet été grâce aux nouvelles fonctions et aux améliorations de RBC Placements en Direct.

Un calendrier des dates clés pour les investisseurs.

Dates clés pour les investisseurs : juillet 2024

Dates, échéances, annonces et plus encore que les investisseurs autonomes doivent savoir.

Vous en savez plus que vous pensez

Un guide sur les placements en actions.
En savoir plus