Faites-vous de l’excès de zèle?

Faites-vous vos valises plusieurs semaines avant de partir en voyage? Répondez-vous sur-le-champ aux textos, aux appels téléphoniques et aux courriels? Payez-vous vos factures dès leur réception? Si vous avez répondu « oui » à toutes ces questions, vous êtes un précrastinateur.

Le terme « précrastinateur », qui serait apparu en 2014, désigne une personne qui fait tout sans attendre et coche des tâches au fur et à mesure sur une liste mentale ou bien réelle qui semble ne pas avoir de fin.

Les précrastinateurs sont connus pour :

• ne jamais rater une échéance;
• relever une difficulté avant qu’elle devienne un problème;
• être durs à la tâche et faire leur juste part dans une équipe.

Toutefois, la précrastination n’a pas que des avantages. En consacrant leur temps à l’atteinte de sous-objectifs, les précrastinateurs risquent de passer à côté de buts bien plus importants. En allant toujours au plus simple – les petites tâches qui leur procurent un sentiment de satisfaction et de soulagement immédiat –, ils ont moins de temps et d’énergie à consacrer à autre chose. La précrastination pourrait avoir des répercussions pour les investisseurs qui se tiennent toujours occupés, par exemple en lisant les gros titres des nouvelles économiques, au lieu de prendre du recul pour réfléchir à leurs objectifs financiers et à la façon de les atteindre.

Pourquoi précrastinons-nous?

Les recherches ont révélé que les êtres humains ont tendance à préférer l’activité physique à l’activité mentale. Qui n’a pas déjà repoussé la préparation d’un important exposé devant être présenté le lendemain au travail en s’attardant à de petites tâches ménagères, comme le ménage d’un tiroir?

Cette tendance pourrait porter les investisseurs à exécuter des opérations sans égard pour d’importants éléments comme la répartition de l’actif de leur portefeuille ou leur stratégie de gestion du risque. Parfois, nous agissons par réflexe au point d’oublier notre motivation initiale.

Le sentiment d’urgence, un autre catalyseur de la précrastination, nous incite à réduire le plus rapidement possible notre liste de choses à faire. Il est alors tentant de commencer par les petites tâches, même si elles sont moins importantes. En plus de jouer sur le circuit de la récompense de notre cerveau, l’exécution de tâches libère de l’espace dans notre « mémoire de travail ».

Lorsqu’on précrastine, on risque de travailler précipitamment et, par conséquent, de commettre des erreurs que nous devrons ensuite corriger. Un investisseur précrastinateur pourrait ainsi passer de l’idée à l’action avant d’avoir amassé toute l’information nécessaire et élaboré un plan détaillé.

Comment les investisseurs peuvent-ils trouver le juste équilibre entre la procrastination et la précrastination?

En tant que précrastinatrice qui adore voir se raccourcir sa liste de tâches, je me demande désormais chaque fois si celle que je m’apprête à commencer est urgente et importante.

Si la réponse est « oui », je m’y mets. Si la tâche est importante, mais pas urgente (comme la lecture d’une police d’assurance), je la reporte à un moment prédéterminé. J’évite ainsi d’effectuer à la hâte des tâches essentielles uniquement pour le sentiment de satisfaction que j’en retire.

Enfin, il y a un point que les précrastinateurs devraient ajouter à leur liste de choses à faire: prendre le temps de profiter de la vie. C’est bien de se préparer, mais pourquoi se presser?