Réflexions sur les placements : Les 3 phases de mon cheminement

Quand j'ai commencé à investir, il y a plus de 25 ans, j'avais la chance d'être inconsciente de tout ce que j'ignorais. Je démarrais ma carrière, j'étais célibataire, je n'avais pas d'enfants, pas d'hypothèque, pas de voiture à payer et aucun plan de retraite. Je me sentais donc prête à prendre des risques financiers de toutes sortes.

Un jour, j'ai lu dans le Wall Street Journal un article au sujet d'une entreprise qui fabriquait des parfums à base de phéromones. Le concept me semblant très intéressant, et j'ai acheté des actions de cette entreprise. Je procédais souvent de cette façon. Je n'avais établi aucun processus pour faire mes choix de placements, ce qui a mené à de nombreux bons coups, mais aussi à beaucoup d'occasions ratées et à une composition de portefeuille incohérente.

Quand j'ai commencé à me renseigner, j'ai pris conscience de tout ce que je ne savais pas. Cela m'a effrayée. Et si je prenais une très mauvaise décision et perdais tout? Après tout, je n'avais ni la formation, ni l'expérience, ni l'accès aux recherches et aux autres outils de placement des professionnels. Comment pouvais-je m'estimer compétente pour prendre des décisions de placement mettant en jeu des milliers de dollars de cette manière désinvolte alors que les professionnels consacraient de nombreuses heures de recherche et d'analyse à prendre ces mêmes décisions? C'est alors que je suis passée à l'autre extrême : je n'achetais plus que des actions de premier ordre à dividendes de sociétés à grande capitalisation. (Ironiquement, certains de ces achats ont été extrêmement désastreux!)

Il y a une dizaine d'années, j'ai amorcé ce que j'appellerais la « troisième phase » de mon cheminement d'investisseuse. Ce qui caractérise cette phase, c'est l'équilibre : je connais les limites de mon savoir. (Je n'investis pas dans des entreprises au sujet desquelles je n'en sais pas suffisamment – d'autres que moi profiteront de ces occasions potentielles.) Je ne me sens plus intimidée par les professionnels parce que j'ai pris conscience des avantages de ma situation d'investisseuse autonome.

Je n'ai qu'une cliente : moi-même

Et je suis assez sympathique comme cliente. Je peux faire ce que je veux au moment où je le veux. Par exemple, pendant la récession mondiale de 2008, j'ai décidé de ne pas regarder la valeur de mon portefeuille pendant une très longue période, un luxe que seul un investisseur individuel peut se permettre. Cela m'a évité les fortes émotions qui auraient pu m'inciter à vendre mes actions dans un vent de panique.

Je n'ai qu'un seul horizon temporel : ma retraite

Les gestionnaires de fonds professionnels doivent rendre compte de leur rendement trimestriel et annuel, mais pas moi. Évidemment, je suis toujours heureuse de voir la valeur de mon portefeuille augmenter, mais cela ne se produit pas toujours. Certaines années, mon portefeuille perd de la valeur. Heureusement, je n'ai qu'un seul objectif à long terme : être en mesure de prendre ma retraite. Une tendance trimestrielle ou même annuelle à la baisse ne me dérange pas : ce qui compte, c'est la tendance à long terme.

J'ai établi une stratégie d'investissement à mon image

Ma répartition d'actif (actions, obligations, liquidités et autres placements) est adaptée à ma tolérance au risque et à mes préférences. Mon tempérament et ma situation financière me permettent d'investir fortement dans des actions. Il est vrai que cela entraîne de la volatilité, mais pour le moment cela ne me dérange pas. Je conserve également une part raisonnable de liquidités. Certains gestionnaires de placements considèrent les liquidités comme de l'argent stagnant, mais pas moi. Cela me procure un sentiment de sécurité et me permet de profiter de marchés baissiers pour faire des achats à prix d'aubaine ou de faire face aux urgences. Depuis quelques années, j'investis davantage dans des actions de marchés émergents, en particulier l'Inde. Je ne suis pas tenue de limiter ces investissements pour respecter les recommandations d'un comité des placements.

Un bon rendement, c'est suffisant pour moi

Cela me va si le rendement total de mes placements est bon, sans plus. L'important pour moi est d'atteindre mes objectifs financiers. Comme je paie très peu de frais de placement, mon seuil de rentabilité est également bas. Et si mes rendements sont inférieurs à celui des indices boursiers pendant un certain temps, ma carrière n'en souffrira pas : je ne me congédierai pas moi-même. (Cela me coûterait trop cher en indemnité de départ!).