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Une personne met son vote dans une boîte, un drapeau américain en arrière-plan.

Élections américaines : Que signifierait un retard de recomptage pour les marchés?

Rédigé par Judy McKinnon, de la salle de rédaction | Publié le 30 octobre 2020

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Quiconque suit de près les marchés vous dira la même chose : ils détestent l'incertitude plus que toute autre chose.

L'élection présidentielle américaine est à nos portes, et les inconnues pouvant influer sur marchés ne manquent pas. Parmi les plus importantes, mentionnons le fait que nous ignorons si nous connaîtrons l'identité du vainqueur le 3 novembre.

En temps normal, les résultats sont connus à la fin de la soirée. Or, les présidentielles de 2020 n'ont rien de normal, tandis que la pandémie de COVID-19 montre peu de signes d'essoufflement.

À l'occasion d'une présentation récente sur les élections américaines, un intervenant disait ceci : « Tous les quatre ans, les commentateurs disent que cette fois-ci, c'est différent, mais cette année, c'est vraiment vrai. » Il a parfaitement raison. Néanmoins, pour se préparer aux jours qui viennent, il importe de comprendre comment fonctionne le processus électoral, ce qui s'est produit antérieurement et pourquoi c'est différent cette fois-ci.

Retards possibles dans le dépouillement des votes

Aux États-Unis, les élections ont toujours lieu le premier mardi suivant le premier lundi de novembre. Le processus s'amorce cependant dans les semaines qui précèdent, car les gens peuvent voter par anticipation ou par la poste. Cette année, les bureaux de vote ferment donc le 3 novembre, ceux de l'Alaska fermant les derniers, après minuit, heure de l'Est. Or, officiellement, les élections ne sont véritablement terminées que quand tous les votes sont comptés.

Pourquoi est-ce donc différent cette fois-ci? À cause de la pandémie. On s'attend en effet à ce qu'un nombre record de personnes aient voté avant le 3 novembre. Selon une étude de RBC Marchés des Capitaux, près de 30 millions d'électeurs ont déjà voté, soit cinq fois plus qu'en 2016. On estime qu'au total, quelque 80 millions bulletins de vote auront été envoyés par la poste. Dans certains États, les fonctionnaires électoraux sont autorisés à commencer le dépouillement dans les semaines qui précèdent le jour du scrutin, mais dans une poignée d'autres, il faut attendre le jour même. De plus, il semblerait que le comptage des votes par correspondance prend plus de temps que le comptage des votes en personne, notamment parce qu'il faut ouvrir les enveloppes et vérifier les signatures. Des États accepteront par ailleurs les bulletins de vote par la poste jusqu'à neuf jours après le jour des élections, pourvu qu'ils aient été oblitérés au plus tard le 3 novembre. Les fonctionnaires électoraux de certains États ont déclaré qu'il faudrait des jours pour compter les votes; d'autres parlent plutôt de semaines, voire de mois.

« Si la course est serrée et que le nombre de voix l'est tout autant dans ces États le soir de l'élection, les retards pourraient générer une certaine incertitude sur le marché, » écrit Kelly Bogdanova, vice-présidente et analyste de portefeuille à RBC Gestion de patrimoine. Dans un article récent au sujet des répercussions possibles des élections américaines sur les marchés, elle ajoute cependant ceci : « Nous croyons toutefois que le marché est largement préparé à cette éventualité, car elle est connue d'avance. »

Résultats contestés

En plus de retards potentiels dans le décompte des voix, la possibilité que les élections soient contestées pourrait aussi entraîner des retards et encore plus d'incertitude pour les marchés.

« Il s'agit d'un tout autre problème. Cela nécessiterait une course serrée dans au moins un État, assez serrée pour entraîner un dépouillement judiciaire automatique. (Chaque État a ses propres règles et procédures pour les dépouillements judiciaires.) D'autres problèmes pourraient également entraîner une contestation, notamment en cas de litige, par exemple, si des preuves d'irrégularités ont une incidence sur les votes du Collège électoral. », affirme Mme Bogdanova. Elle ajoute : « Une chose est certaine : si l'élection est contestée, il faut s'attendre à d'innombrables poursuites devant les tribunaux, ainsi qu'à une frénésie des médias et des réseaux sociaux. »

RBC Gestion de patrimoine donne l'exemple des élections de 2000, à l'issue desquelles l'écart entre George W. Bush et Al Gore avait été très serré en Floride. Cette année-là, le jour des élections était le 7 novembre. Il y a eu un recomptage automatisé des votes dans l'ensemble de l'État, suivi de procédures judiciaires au sujet de recomptages manuels. M. Gore a finalement concédé la victoire à M. Bush le 13 décembre.

Que s'est-il donc produit sur les marchés pendant cette période? D'après des statistiques compilées par RBC Gestion de patrimoine, le S&P 500 a chuté de près de 12 % entre la clôture des bureaux de scrutin et le creux du 20 décembre, soit une semaine après que M. Bush eut été déclaré vainqueur. Entre le sommet atteint le 1er septembre et le creux du 20 décembre, les marchés ont subi une baisse de 17 %.

Qu'est-ce qui est différent cette fois-ci?

Certes, les élections précédentes nous enseignent certaines choses, mais celles de 2020 se distinguent pour diverses raisons, selon Mme Bogdanova. Relativement aux circonstances de l'époque, elle dit : « Ces événements sans précédent ont pris tout le monde par surprise. Du coup, les principaux indices boursiers ont eu de la difficulté à encaisser le choc. Cette fois, divers scénarios atypiques sont débattus ouvertement, y compris par les hauts responsables des deux partis [...]. Pour les électeurs, de tels scénarios sont au mieux déconcertants. Cependant, pour ce qui est des placements, ces scénarios sont bien connus. Le marché sait bien que l'élection ne se déroulera peut-être pas comme d'habitude. À notre avis, cette prise de conscience et l'expérience de 2000 font en sorte que cette fois-ci, le marché est mieux préparé. »

Comme chaque fois qu'un événement se produit, il est impossible de dire avec certitude comment réagiront les marchés. À cet égard, les élections présidentielles américaines de 2020 ne sont pas différentes.

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