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Un homme roulant à vélo avec les drapeaux du Canada et des États-Unis en arrière-plan.

ALENA : deux scénarios pour le Canada

Rédigé par Judy McKinnon | Publié le 29 septembre 2017

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L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) pourrait connaître une grande transformation à l’heure où le Canada, les États-Unis et le Mexique renégocient ce vaste accord commercial qui est en vigueur depuis 1994. La troisième ronde de pourparlers a eu lieu récemment à Ottawa et les négociateurs ont laissé entendre qu’ils s’efforcent de parvenir à un accord d’ici la fin de l’année.

Mais, quels intérêts le Canada doit-il défendre dans le cadre de ces négociations? Dans un rapport paru à l’amorce des négociations à la fin de l’été et intitulé « NAFTA: Renewal or Rejection? What Canada is up against » (ALENA : renouveau ou rejet? Ce qui attend le Canada), Mathias Hartpence, responsable de la politique et économiste RBC, a envisagé le meilleur et le pire des scénarios.

Tout compte fait, il ne croit pas que les discussions seront unilatérales. Chaque partie mènera « une offensive sur ses priorités, en ménageant les sensibilités des autres, tandis que les interlocuteurs s’entendront sur leurs intérêts communs ».

Quant aux scénarios, en voici les grandes lignes :

Meilleur des scénarios

« Dans le meilleur des cas pour le Canada, les intérêts communs aux États-Unis et au Canada seront mis de l’avant. Il s’agit de préserver l’accès réciproque au marché des biens dans des secteurs fortement intégrés, de réduire les formalités à la frontière, d’étendre l’accès aux offres de services et aux contrats d’approvisionnement des gouvernements et de placer le commerce numérique, la main-d’œuvre et l’environnement au cœur de l’Accord. »

Plus précisément, il soutient que les États-Unis ont pour objectif global d’« améliorer l’équilibre commercial des États-Unis et de réduire le déficit commercial avec les pays membres de l’ALENA ». À cet égard, il croit que le Canada est en bonne posture, soulignant que les importations et les exportations entre les deux pays sont près de l’équilibre parfait.

Chine Exportations de services des États-Unis d'un peu moins de 200 milliards de dollars Exportations de biens des États-Unis d'un peu plus de 100 milliards de dollars Importations de services aux États-Unis de près de 500 milliards de dollars Importations de biens aux États-Unis de plus de 450 milliards de dollars Canada Exportations de services des États-Unis d'un peu plus de 300 milliards de dollars Exportations de biens des États-Unis d'un peu plus de 250 milliards de dollars Importations de services aux États-Unis de près de 300 milliards de dollars Importations de biens aux États-Unis de plus de 300 milliards de dollars Mexique Exportations de services des États-Unis d'un peu plus de 250 milliards de dollars Exportations de biens des États-Unis de près de 250 milliards de dollars Importations de services aux États-Unis de plus de 300 milliards de dollars Importations de biens aux États-Unis de 300 milliards de dollars Japon Exportations de services des États-Unis de près de 100 milliards de dollars Exportations de biens des États-Unis de près de 100 milliards de dollars Importations de services aux États-Unis de près de 200 milliards de dollars Importations de biens aux États-Unis de plus de 100 milliards de dollars Allemagne Exportations de services des États-Unis de près de 100 milliards de dollars Exportations de biens des États-Unis de près de 50 milliards de dollars Importations de services aux États-Unis de plus de 100 milliards de dollars Importations de biens aux États-Unis de plus de 100 milliards de dollars Royaume-Uni Exportations de services des États-Unis de plus de 100 milliards de dollars Exportations de biens des États-Unis de près de 100 milliards de dollars Importations de services aux États-Unis de plus de 100 milliards de dollars Importations de biens aux États-Unis de près de 50 milliards de dollars Corée du Sud Exportations de services des États-Unis de près de 100 milliards de dollars Exportations de biens des États-Unis de près de 50 milliards de dollars Importations de services aux États-Unis de près de 100 milliards de dollars Importations de biens aux États-Unis de près de 100 milliards de dollars
Graphique des montants des exportations, importations et services entre les États-Unis et 7 pays.

Source : Services économiques RBC

Les secteurs canadiens qui ont été touchés par des barrières non tarifaires (ou des restrictions autres que les droits et les taxes), notamment ceux soumis à la prescription sur l’étiquetage indiquant le pays d’origine (EPO) imposé par les États-Unis, pourraient bénéficier d’un assouplissement de ces barrières. « Un accès garanti pourrait permettre aux exportateurs de se spécialiser davantage, de profiter d’économies d’échelle et d’améliorer potentiellement leur productivité », souligne-t-il.

Quant aux « règles d’origine », qui déterminent les marchandises admissibles à l’ALENA, M. Hartpence dit « Puisque les États-Unis veulent durcir les règles d’origine, le meilleur des cas pour le Canada constituerait une légère augmentation ».

Pire des scénarios

« Dans le pire des cas, qui est toutefois peu probable, les États-Unis se retireront de l’ALENA. Une telle décision nuirait à l’économie canadienne pendant longtemps; en raison d’une possible hausse des tarifs au cours des cinq à dix prochaines années, la croissance du PIB perdrait un point de pourcentage. Le Canada serait défavorisé par la conclusion d’un accord renfermant des mesures comme le relèvement des seuils de contenu local à un niveau qui éroderait la compétitivité des producteurs canadiens à l’échelle mondiale, l’instauration de règles sur la propriété intellectuelle qui entraveraient l’innovation au lieu de la stimuler et, éventuellement, la suppression de l’arbitrage impartial des différends prévu au chapitre 19 de l’ALENA. »

L’élimination de ce chapitre figure au nombre des enjeux chers aux États-Unis sur la table des négociations de l’ALENA. Il s’agit du chapitre de l’accord qui permet à chacun des trois pays de présenter une demande d’examen des différends en matière de droits antidumping et compensateurs aux fins de règlement devant un groupe spécial, dont la décision a force obligatoire.

« Sans ce chapitre, les exportateurs canadiens risquent d’avoir à débattre de conflits commerciaux devant les tribunaux américains, bien que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pourrait imposer des disciplines comme mesures d’atténuation, » note M. Hartpence.

Principales exportations de biens américains vers le Canada en 2016 Équipement électrique, appareils et composants Marchandises et produits divers Principales exportations de biens canadiens vers les États-Unis en 2016 Produits du bois Papier Entre le Canada et les États-Unis Matériel de transport Produits chimiques Première transformation des métaux Aliments et produits apparentés Pétrole et gaz Machinerie (sauf électrique) Produits du pétrole et du charbon Produits en plastique et en caoutchouc Produits informatiques et électroniques Produits métalliques fabriqués
Diagramme de Venn énumérant les produits échangés entre le Canada et les États-Unis en 2016

Source : Services économiques RBC

Les échanges se poursuivront à Washington, qui sera l’hôte de la quatrième ronde de négociation en octobre.

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