Plus d'épargne et plus de dépenses pour les Canadiens en 2021 : un rapport de RBC
Rédigé par NATHAN JANZEN ET CLAIRE FAN | Publié le 3 mars 2021
Rédigé par NATHAN JANZEN ET CLAIRE FAN | Publié le 3 mars 2021
Côté endettement, cependant, ils pourraient être moins vulnérables qu'ils ne l'étaient avant la COVID-19.
Au Canada, les dettes hypothécaires ont augmenté de 118 milliards de dollars en 2020, une hausse presque deux fois plus grande qu'à l'année précédente. Il faut dire que le marché du logement a connu une reprise rapide et remarquable. Dans l'ensemble, les dettes hypothécaires sont plus élevées qu'avant la COVID-19. Toutefois, on constate une diminution de la part du revenu disponible consacrée au remboursement des dettes. Le service de la dette a été facilité par plusieurs facteurs, dont la faiblesse des taux d'intérêt, le soutien au revenu accordé aux personnes qui n'ont pas pu travailler à cause de la pandémie, et les reports de paiements consentis à environ trois millions d'emprunteurs à l'été et à l'automne.
Les reports de paiements ont pris fin, pour la plupart. Cependant, la Banque du Canada s'est engagée à ne pas relever les taux d'intérêt. Quant aux mesures de soutien au revenu du gouvernement, elles ne devraient cesser que lorsque le marché de l'emploi se sera rétabli. À notre avis, les paiements sur la dette continueront à être gérables, dans les circonstances.
Les banques centrales, y compris la Banque du Canada, se sont engagées à maintenir la faiblesse des taux d'intérêt dans un avenir prévisible. Notre scénario de base continue de supposer que les taux d'emprunt n'augmenteront que graduellement, et qu'ils resteront à des niveaux comparables à ceux d'avant la crise jusqu'à la fin 2022. Mais comme la reprise pourrait progresser à un rythme beaucoup plus rapide que celui qu'on prévoyait il y a à peine quelques mois, les taux d'intérêt pourraient eux aussi croître plus vite que prévu; surtout avec les importantes mesures de relance budgétaires du Canada et d'ailleurs. Une hausse des taux aurait une incidence plus grande sur le remboursement des dettes des ménages que dans les dernières décennies, tout simplement parce que les niveaux d'endettement sont plus élevés aujourd'hui.
La composition des dettes des Canadiens s'est toutefois améliorée pendant la pandémie. On y trouve une plus grande part de prêts hypothécaires moins sensibles aux changements de taux à court terme. La majorité des contrats hypothécaires au Canada sont des contrats de plusieurs années. Les données des banques à chartes indiquent que, vers la fin de l'année dernière, presque la moitié des prêts hypothécaires étaient des prêts à taux fixe de cinq ans. Il s'agit d'une hausse de sept points de pourcentage par rapport au début de 2019. Autrement dit, il faudra attendre des années, dans plusieurs cas, pour qu'une augmentation des taux d'intérêt se répercute sur les coûts d'emprunt des ménages. Le régime de réglementation hypothécaire canadien, qui est plutôt prudent, prévoit une certaine résistance aux fluctuations de taux : il exige que les ménages soient admissibles à un taux hypothécaire d'au moins 2 % supérieur au taux qui leur est effectivement accordé. D'un autre côté, les prix des maisons ont tellement grimpé que la valeur des biens immobiliers a augmenté plus rapidement que les niveaux d'endettement. Plus précisément, la valeur nette des biens immobiliers des ménages avait augmenté de 400 milliards de dollars d'une année sur l'autre au troisième trimestre de 2020. C'est plus que quatre fois l'augmentation des dettes hypothécaires sur la même période.
Si on ne tient pas compte des prêts hypothécaires, l'endettement des ménages a diminué en 2020, puisque certaines familles ont utilisé une partie de l'épargne accumulée pendant la crise pour rembourser (avec prudence) le solde de leurs cartes de crédit. En effet, les dettes de cartes de crédit, qui sont un produit à intérêt élevé, avaient chuté de 14 % (12,8 milliards de dollars) à la fin de décembre 2020 par rapport à février 2020.
Les ménages à revenu élevé ont été beaucoup moins touchés que les autres par les pertes d'emplois pendant la pandémie. Ils profitent tout de même de la faiblesse des taux d'intérêt. Ces ménages dépensent habituellement plus dans les secteurs de l'hôtellerie et du voyage. Or, ce sont les types de services qui n'ont pas été offerts durant la pandémie. C'est sans doute ce qui explique en bonne partie la croissance de l'épargne. À l'autre bout du spectre, les ménages à faible revenu, qui ont subi plus de pertes d'emplois, ont grandement profité des mesures d'aide financière du gouvernement pour compenser les pertes de revenus. Ce sont les ménages « coincés » entre les deux qui inquiètent. En effet, d'après une étude récente de la Banque du Canada, la part du revenu consacrée au remboursement des dettes a surtout augmenté chez les ménages de la tranche de revenus intermédiaire qui ont perdu leur emploi et dont la baisse de revenus n'a été que partiellement compensée par l'aide du gouvernement.
Si les consommateurs ont peu dépensé pendant la pandémie, c'est surtout parce que certains services n'étaient pas offerts. Les dépenses consacrées aux biens avaient rebondi très vite après s'être effondrées au printemps dernier. Elles sont restées assez fortes pendant la deuxième vague de propagation du virus, malgré les mesures de confinement en vigueur, car tant les consommateurs que les entreprises étaient plus à l'aise avec le commerce en ligne. Puisque les restrictions devraient être assouplies alors que de plus en plus de vaccins seront administrés, les dépenses des ménages pourraient reprendre assez rapidement dans la deuxième moitié de 2021, surtout chez les entreprises des secteurs les plus durement touchés par la pandémie.
Par ailleurs, les ménages canadiens ont mis énormément d'argent de côté dans la dernière année : l'épargne totale a atteint environ 200 milliards de dollars en 2020, et elle continue de croître en 2021. Pour mettre les choses en contexte, cette somme équivaut à ce que les consommateurs canadiens dépensent habituellement en services d'hébergement et d'alimentation sur deux ans, en vêtements sur environ quatre ans, ou en remboursement des dettes sur un peu moins d'un an. Il ne faut pas s'attendre à ce que les ménages dépensent tout immédiatement. Toutefois, ils profiteront d'un excellent pouvoir d'achat quand les restrictions seront allégées.
Ce rapport a été rédigé par Nathan Janzen, économiste principal, et Claire Fan, économiste.
Cet article a été publié pour la première fois le 19 février par les Services économiques RBC, en anglais, avec le titre « Canadians to Borrow and Spend More in 2021 ».
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